Les territoires de la Macédoine
L'appellation de Macédoine peut donner lieu à différentes interprétations, selon qu'on se réfère à la Grèce antique, à la Grèce du Nord, à la Macédoine yougoslave ou à la république de Macédoine appelée maintenant «Macédoine du Nord». Pendant longtemps, le nom de la Macédoine a été revendiqué par deux peuples différents, les Grecs de Grèce et les Macédoniens slaves de la Macédoine du Nord.
1. La Macédoine de l'Antiquité
Le «Royaume de Macédoine» (en grec ancien: Μακεδονία > Makédonia) est un État grec de l'Antiquité situé au nord de la Grèce actuelle. Cet ancien royaume grécophone ne couvrait pas le territoire de la Grèce actuelle, car il était localisé plus au nord et comprenait aussi une portion sud-ouest de l'actuelle république de Macédoine du Nord. La capitale de la Macédoine antique était Thessalonique. À partir du VIIe siècle avant notre ère, ce royaume devint l'État dominant du monde grec. Sous le règne de Philippe II (de 359 à 336 avant notre ère), le Royaume étendit sa domination sur la Grèce continentale après avoir évincé Athènes. Le fils de Philippe II, Alexandre le Grand (de 356 à 323), fut à l'origine de la conquête de l'immense Empire perse et de l'expansion de l'hellénisme en Asie. La langue officielle de cet empire était le grec d'Athènes, l'attique.
À son apogée, le Royaume de Macédoine s’étendait du bassin méditerranéen à la vallée de l’Indus, en passant par Thèbes en Égypte, par Babylone en Mésopotamie et par Samarcande en Sogdiane, une région recouvrant en partie l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et l'Afghanistan.
Étant donné que l'immense empire d'Alexandre était habité par de nombreux peuples d'origines très diverses, le nom de «Macédoine» a fini par désigner en français et dans beaucoup d'autres langues un assemblage disparate.
2. La Macédoine grecque
La Macédoine grecque d'aujourd'hui est une région historique et géographique de la Grèce. Son territoire correspond à trois régions administratives de la Grèce actuelle: la Macédoine occidentale, la Macédoine centrale et la Macédoine orientale. Cette dernière a été fusionnée avec la Thrace pour devenir la Macédoine orientale-et-Thrace. En principe, la République monastique du Mont-Athos en fait partie, ce qui totalise quatre régions administratives. En fait, la Macédoine grecque ne constitue pas une division administrative à part entière, le territoire étant divisé en quatre régions comptant au total 13 préfectures. La répartition de la population est la suivante (2019):
Macédoine occidentale Macédoine centrale Macédoine orientale Mont-Athos 303 857
1 931 870
254 255
2250
La région de Macédoine centrale est la plus grande région et deuxième population régionale de la Grèce. Administrativement, c'est une structure secondaire de l'autonomie locale; elle couvre géographiquement la partie centrale de la Macédoine, à l'exception de la péninsule du Mont-Athos qui est régie par un régime particulier.
Les groupes minoritaires sont les Albanais (en Macédoine occidentale), les Aroumains et les Macédoniens (en Macédoine centrale), ainsi que les Turcs, les Pomaques et les Tsiganes (en Macédoine orientale-et-Thrace).
3. La Macédoine yougoslave
Durant l'été de 1945, six républiques furent instituées au sien de l'État fédéral de la Yougoslavie : la Serbie, la Croatie, la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et la Macédoine (voir la carte 2 de l’ex-Yougoslavie). Pour une fois, les Slavo-Macédoniens étaient reconnus au même titre que les Serbes et les Croates. De plus, ils bénéficiaient d'une grande autonomie, ce qui leur avait été dénié depuis fort longtemps.Dès le début, la Macédoine yougoslave pratiqua une politique linguistique très répressive à l’endroit de ses minorités. La minorité grecque semble avoir été particulièrement touchée. La norme officielle de la langue macédonienne vit le jour en 1945. La variété macédonienne de la capitale, Skopje, fut considérée comme trop proche du serbe et négligée au profit de celle de la région de Bitola, une ville du Sud-Ouest, et de Vélès, une ville au sud de Skopje. Puis l'alphabet cyrillique macédonien fut adopté le 3 mai de la même année, et l'orthographe le 7 juin. Il en fut ainsi avec l'instauration d'une église macédonienne indépendante du patriarcat de Serbie. L'archevêché d'Ohrid, disparu au XVIIIe siècle, fut rétabli en 1958 et son autocéphalie fut proclamée en 1967, bien que l'Église serbe aie refusé de reconnaître cette indépendance. De plus, l'Académie macédonienne des sciences et des arts fut créée en 1967.
Une fois que les républiques de Croatie et de la Slovénie eurent déclaré officiellement leur indépendance de la Yougoslavie (en juin 1991) et eurent été pleinement reconnues par la communauté internationale, la Macédoine yougoslave tint, le 8 septembre 1991, un référendum sur cette question. La très grande majorité de la population, soit 95 %, vota pour l'indépendance qui fut proclamée le 20 novembre sans aucun incident, bien que les Serbes et les Albanais aient organisé des manifestations contre l'indépendance. Bref, cette indépendance, contrairement aux autres républiques de l’ex-Yougoslavie, s'est faite sans effusion de sang; il n’y a pas eu de déplacement de population, comme ce fut le cas en Bosnie-Herzégovine.
4. La Macédoine du Nord
De 1991 jusqu'en 2019, la Macédoine du Nord fut connue sous le nom de «république de Macédoine» ou aussi «ancienne république yougoslave de Macédoine», parfois simplement désignée comme «Macédoine»; ce pays est l'un des États successeurs de la Yougoslavie, dont il a déclaré son indépendance en 1991. Toutefois, parce que son nom était très similaire avec la Macédoine grecque, des tensions éclatèrent entre la Macédoine slave et la Grèce. Selon l'idéologie nationaliste grecque, seuls les Grecs ont le droit de s'identifier eux-mêmes comme des Macédoniens, et non les Slaves du sud de l'ex-Yougoslavie, qui se sont installés sur ce territoire au VIe siècle et qui, jusqu'en 1944, se sont appelés «Bulgares» et habitaient la «république de Skopje». Les Macédoniens de ce pays sont des Slaves, alors que les Macédoniens de la Grèce sont des... Grecs.
On connaît l'antipathie grecque pour le symbole même de la république de Macédoine du Nord, ce petit pays qui a dû changer jusqu'à son nom et son drapeau parce que la Grèce considérait que ceux-ci faisaient partie de son héritage historique. La Grèce a continué de contester le nom de la «république de Macédoine» jusqu'au 25 janvier 2019 parce qu’elle croyait qu'aucun autre pays n'avait le droit de porter le même nom que la région de la Macédoine dans le nord de la Grèce.
Ce changement de nom a permis à la Macédoine du Nord de se porter candidate à l'adhésion aux institutions internationales, comme l'OTAN ou l'Union européenne. En tant que membre de ces organismes, la Grèce opposait un véto qui empêchait toute tentative de la Macédoine du Nord d'adhérer à ces organismes.