L'accord Sykes-Picot (1916)
et l'accord de San Remo (1920

Accord de Sykes-Picot

Dans le but d'éviter les conflits des intérêts français et britanniques, la France et la Grande-Bretagne ont conclu en 1916 un accord confidentiel et ultrasecret sur la répartition des zones d'influence britannique et française.

Cet accord entre le lieutenant-colonel  Mark Sykes, pour la Grande-Bretagne, et le consul à Beyrouth, François Georges-Picot, pour la France, fut signé le 16 mai 1916.  L'accord ne tenait pas compte des conditions géographiques, ni de la répartition ethnique, religieuse ou culturelle.

La zone bleue de la France englobait le Liban et la partie sud-est de la Turquie actuelle, ainsi que la Syrie et la partie nord de l'Irak. La zone rouge couvrait la partie sud de l'Irak et le Koweït, ainsi que la Jordanie, la partie nord de l'Arabie Saoudite et la partie occidentale de l'Irak. Il y avait aussi une petite zone brune couvrant la Palestine que les plénipotentiaire ont mis sous une administration internationale.

1) Une zone rouge anglaise, d'administration directe (Koweït et Mésopotamie);
2) Une zone rouge d'influence anglaise, (Syrie du Sud, Jordanie et Palestine);
3) Une zone bleue française d'influence française (Syrie du Nord et vilayet de Mossoul);
4) Une zone bleue française d'administration directe (Liban et Cicilie);
5) Une zone brune d'administration internationale comprenant Saint-Jean-d'Acre, Haiffa et Jérusalem;
6) La zone jaune sous contrôle russe (Arménie et nord-est de la Turquie) ne faisait pas partie de l'entente.

Accord de San Remo

En avril 1920, la conférence de San Remo (Italie), réunissant des représentants britanniques, français, italiens, grecs, japonais et belges, allait fixer le sort des vilayets ou provinces arabes de l’Empire ottoman. Lors de cette conférence, les États-Unis, retournés à leur politique isolationniste, et la Russie, en pleine guerre civile, étaient absents.

Mandat britannique

En effet, le 24 avril de cette année-là, un accord entre les représentants plaçait la Palestine, de la Transjordanie et la Mésopotamie (Irak) sous Mandat britannique (1), agrandi de Kirkouk cédé par les Français en échange d'une participation aux bénéfices pétroliers de la région; les Français disposeront d’un quart des parts (ultérieurement 23,75 %) au sein du consortium chargé d’exploiter ce pétrole.

Mandat français

La France, pour sa part, reçut le Mandat du Liban et de la Syrie (2).

Mandat russe

Quant à la Russie, elle eut le Mandat de l'Arménie (3), qui ne dura pas, car il fut absorbé par les troupes turques de Mustafa Kemal.

La Palestine mandataire devint une «zone internationale» (4). Lors des pourparlers, la frontière palestinienne fut déplacée de quelques kilomètres vers le nord; la Transjordanie fut reliée à la Palestine et à l’Irak, ce qui permettait de créer un corridor assurant dans l’immédiat le passage des lignes aériennes vers l’Inde. Finalement, l'accord de San Remo se trouvait à entériner et à officialisé les accords Sykes-Picot avec en prime un mandat en bonne et due forme de la part de la Société des Nations. 

Le découpage territorial entre Britanniques et Français fut imposé par la force aux Ottomans et aux Arabes. Mais les événements de 1920 allaient ensuite être ressentis comme une trahison des engagements promis par les belligérants parce qu'ils dépossédèrent les élites locales de leur pouvoir. Par exemple, la Palestine ne fut pas rendue aux Juifs et les Kurdes n'obtinrent pas leur indépendance. Lorsque le nationalisme reviendra en force chez les Arabes, ceux-ci ne reconnaîtront pas la légitimité de ce découpage. L'Irak, la Syrie, le Koweït, le Liban et la Palestine seront frappés d’illégitimité et durablement fragilisés. Plus tard, la constitution du «Foyer national juif» entraînera la région dans un cycle de conflits entre Arabes et Juifs palestiniens, dont les revendications nationalistes respectives n'ont pu être conciliées par les Britanniques. En conséquence, le Mandat eut pour résultat de créer le Royaume hachémite de Transjordanie (1946) et l’État d'Israël (1948), sans oublier le double échec de la mise en place d'un État arabe palestinien indépendant, après la grande révolte de 1936-1939 et la guerre de 1948.

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