La guerre hispano-américaine est un conflit qui se déroula en 1898 entre les États-Unis et l’Espagne. Cette guerre illustre le basculement du monde qui va s’opérer au XXe siècle. Rappelons qu’au XIXe siècle l’Espagne apparaissait déjà comme une puissance coloniale en déclin. Elle avait perdu toutes ses colonies sud-américaines, tandis que les États-Unis apparaissaient comme une nouvelle puissance mondiale. La guerre hispano-américaine tire son origine de la lutte pour l’indépendance de Cuba, alors colonie espagnole. La révolte des Cubains contre la domination espagnole remontait à 1868, mais les États-Unis s’étaient bien gardés d’intervenir militairement. Cuba s’insurgeait contre la Métropole parce que celle-ci soumettait sa colonie à un régime autoritaire et à une lourde fiscalité.
En 1895, la violence reprit de plus
belle, la situation économique désastreuse de Cuba attisant la révolte. Or,
cette situation était en grande partie due au fait que les États-Unis avaient
imposé des droits de douane très élevés au sucre importé de Cuba, ce qui
étranglait littéralement l’économie de l’île. Le général espagnol Valeriano Weyler y Nicolau réprima sauvagement les Cubains. Les journaux
américains accusèrent les autorités espagnoles de pratiquer la «barbarie»
à Cuba. En réponse au malaise grandissant sur l’île, le président
américain William McKinley envoya le navire de guerre Maine stationner
dans le port de La Havane au début de l’année 1898. Officiellement, la présence du navire était annoncée comme un «acte de courtoisie amicale» envers Cuba, mais en réalité le gouvernement américain désirait protéger ses ressortissants au cas où les révolutionnaires cubains prendraient le contrôle de l’île. Dans la soirée du 15 février, une mystérieuse explosion détruisit le cuirassé Maine ancré en rade de La Havane, tuant 260 hommes. |
Les Américains réagirent avec fureur, et les journaux annoncèrent à leurs lecteurs que «la destruction du navire de guerre le Maine» était «l'œuvre de l'ennemi», que le secrétaire adjoint Roosevelt était «convaincu que l'explosion du navire de guerre n'est pas un accident» et que les officiers de la marine pensaient que le Maine avait été volontairement «détruit par une mine espagnole». Bref, sans aucune preuve, les Américains accusèrent les autorités espagnoles d’être à l’origine de la catastrophe.
Le président McKinley somma alors l’Espagne d’évacuer Cuba. Devant le refus des Espagnols, le président américain demanda au Congrès, le 11 avril 1898, «au nom de l'humanité, au nom de la civilisation, au nom des intérêts américains menacés», l'autorisation de chasser les forces espagnoles de Cuba. Le 25 avril, le Congrès américain approuva la résolution et accorda au président le pouvoir d'utiliser les forces terrestres et navales pour mener à bien la guerre contre l’Espagne.
Le 1er mai 1898, les Américains coulèrent la flotte espagnole
des Philippines dans la rade de Manille. L’escadre de Cuba devant Santiago
connut le même sort, le 3 juillet. En août, le gouvernement espagnol se
résigna à demander la paix par l’intermédiaire de la France. Selon les
termes du traité de paix, signé à Paris le 10 décembre 1898, l’Espagne
cédait non seulement Cuba, mais Porto Rico, les Philippines et l’île de
Guam, et recevait une indemnité de 20 millions de dollars (pour la «vente»
des Philippines). Cuba obtint une indépendance théorique, car l’île devint
en fait un protectorat américain, tandis que Porto Rico, les Philippines et
Guam devinrent des colonies américaines. Au passage, les Américains avaient
réussi à annexer Hawaï. Ainsi, prenait fin l’empire colonial espagnol,
alors que les États-Unis, qui avaient commencé une guerre de libération, venaient de jeter les bases de leur
propre empire colonial. La caricature politique, publiée en 1898 par la Philadelphia Press, célèbre l'expansion de la domination impériale américaine à travers le continent et à l'outre-mer, des Philippines à Porto Rico. En bas à droite, la caricature met en contraste l'étendue de la domination américaine en 1898 avec une carte plus petite de l'Amérique telle qu'elle existait en 1798. Dans la légende, on y lit: "Ten thousand miles from tip to tip" («Dix mille milles de bout en bout»).
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