Loi 99 – 046 du 28
décembre 1999
Portant loi d’orientation sur l’éducation
L'Assemblée nationale a
délibéré et adopté en sa séance du 16 décembre 1999 ;
Titre 1 : Des
dispositions générales
Article premier
La présente loi fixe les
grandes orientations de la politique nationale dans le domaine de
l'éducation et de la formation.
Article 2
L'éducation est une
priorité nationale. Le service public de l'éducation est conçu et
organisé en fonction des apprenants et en tenant compte des
objectifs de développement et des valeurs socioculturelles du Mali.
Il contribue à l'égalité des chances.
Chapitre I : Des
définitions
Article 3
Dans la présente loi, on
entend par :
- Apprenant : une personne
en situation d'apprentissage;
- Centre d'animation pédagogique (CAP) : la structure d'appui et
d'encadrement des maîtres qui remplace l'Inspection d'enseignement
fondamental actuelle ;
- Communauté éducative : l'ensemble des personnes qui participent,
d'une façon ou d'une autre, à l'accomplissement des activités
d'éducation et de formation (les apprenants, les enseignants, les
parents d'élèves, le personnel d'administration, de gestion et
d'appui pédagogique) ;
- Compétence : un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir
– être constatés et mesurés, permettant à une personne d'accomplir,
de façon adaptée, une tâche ou un ensemble de tâches ;
- Curriculum : l'ensemble des dispositifs (finalités, programmes,
emploi du temps, matériels didactiques, méthodes pédagogiques, modes
d'évaluation) qui, dans le système scolaire et universitaire, permet
d'assurer la formation des apprenants;
- École : un établissement d'enseignement destiné à assurer la
formation de l'apprenant. Il comprend des salles de classe, une
bibliothèque, une salle d'activités pratiques, un point d'eau, une
aire de jeux, des latrines, une clôture, un magasin, des bureaux de
l'administration, une infirmerie, des salles pour les enseignants ;
- Éducation de base : l'éducation préscolaire, l'enseignement
fondamental et l'éducation non formelle ;
- Éducation informelle : l'éducation qui se fait de façon fortuite
et diffuse. Elle a pour principaux véhicules la cellule familiale,
les groupes sociaux, les médias communautaires et les autres
instruments de communication, les divers mouvements associatifs, la
communauté, les scènes de la vie, le spectacle de la rue ;
- Éducation non formelle : l'éducation qui se fait dans les centres
d'alphabétisation des adultes, les centres d'apprentissage féminins
et les centres d'éducation pour le développement;
- Élève : celui ou celle qui reçoit un enseignement dans un
établissement d'enseignement fondamental ou secondaire ;
- Enseignant : une personne qui a la charge, dans un établissement
scolaire ou universitaire, de faire acquérir à des élèves ou à des
étudiants des savoirs, savoir-faire et savoir être ;
- Espace partenarial : un espace de concertation de tous les acteurs
concernés par le développement de l'école ;
- Étudiant : Celle ou celui qui reçoit un enseignement dans un
établissement d'enseignement supérieur ;
- Langue maternelle : la langue que l'enfant parle couramment et qui
est la langue dominante de son milieu de vie ;
- Langues nationales : les langues telles que définies par la loi
portant modalités de promotion des langues nationales;
- Langue officielle : la langue de l'Administration et des
Institutions de l'Etat ;
- Programme : un ensemble structuré de compétences, d'objectifs et
de contenus d'apprentissage visant à orienter et faciliter la
formation des apprenants et l'évaluation de leur progression;
- Programme décennal de développement de l'éducation (Prodec) : la
planification stratégique de la politique nationale de refondation
du système éducatif pour la période allant de 1998 à 2008.
Chapitre II : Des
principes
Article 4
Le droit à l'éducation est
garanti à chaque citoyen. Il s'exerce à travers l'accès à
l'éducation et la fréquentation des établissements d'enseignement
publics ou privés.
Article 5
L'école est le cadre de
création, de transmission, de construction et de développement des
connaissances. A ce titre, elle a pour mission d'éduquer,
d'instruire, de socialiser et de qualifier les femmes et les hommes
en vue de leur permettre de conduire leur vie personnelle et
collective, civique et professionnelle.
Article 6
L'enseignement est
obligatoire dans les conditions déterminées par la loi.
Article 7
L'enseignement public est
gratuit et laïc. L'enseignement privé est reconnu et s'exerce dans
les conditions définies par la loi.
Article 8
Il peut être dispensé un
enseignement religieux dans les écoles privées sous réserve qu'il ne
porte pas atteinte aux droits et libertés définies par la
Constitution et les lois de la République.
Un décret pris en Conseil des Ministres fixe les modalités
d'organisation de l'enseignement religieux.
Article 9
Le droit d'aller à l'école
s'exerce sans discrimination fondée sur le sexe, l'origine sociale,
la race ou la religion.
Article 10
L'enseignement est dispensé dans la
langue officielle
et dans les
langues nationales. Les modalités d'utilisation des
langues nationales et étrangères dans l'enseignement sont fixées par
arrêtés des ministres en charge de l'éducation.
Chapitre III : Des objectifs
Article 11
Le système éducatif malien a pour finalité de former un
citoyen patriote et bâtisseur d'une société démocratique, un acteur
du développement profondément ancré dans sa culture et ouvert à la
civilisation universelle, maîtrisant les savoir-faire populaires et
apte à intégrer les connaissances et compétences liées aux progrès
scientifiques, techniques et à la technologie moderne.
À ce titre, le système éducatif a pour objectifs de :
- faire acquérir à l'apprenant, au niveau de chaque ordre
d'enseignement, des compétences lui permettant de s'insérer dans la
vie active ou de poursuivre ses études ;
- doter l'apprenant des instruments de l'expression et de la
communication parlée, écrite, graphique et symbolique, développer
ses capacités de compréhension, d'analyse, de raisonnement formel et
de résolution de problèmes ;
- amener l'apprenant à analyser, apprécier et exploiter l'histoire
et la culture de son pays, les caractéristiques principales de son
organisation politique, sociale et économique et l'informer des
potentialités et des perspectives de développement dans un contexte
de mondialisation;
- développer les capacités de l'apprenant à planifier et à organiser
ses apprentissages et son perfectionnement culturel en lui
fournissant les outils de base de son propre travail intellectuel
autonome ;
- asseoir chez l'apprenant, par la pratique des méthodes actives,
participatives et le dialogue et par l'organisation de la classe et
de la vie sociale, l'apprentissage de la vie en commun, du travail
en équipe et des bienfaits de la coopération ;
- entraîner l'apprenant à connaître et à pratiquer tant les
prérogatives que les obligations d'un membre actif d'une société
démocratique respectueuse de la paix et des droits fondamentaux de
l''homme et du citoyen ;
- rendre l'apprenant attentif et sensible aux valeurs de
l'engagement personnel et de la solidarité familiale et sociale, de
la responsabilité parentale, de la préservation de la santé d'autrui
et de la protection de l'environnement ;
- créer et stimuler chez l'apprenant l'esprit d'initiative et
d'entreprise ;
- fournir à l'apprenant, tout au long de la scolarité, notamment
dans les années terminales de chaque ordre ou type d'enseignement,
toute information apte à l'éclairer et à l'orienter sur les
débouchés possibles dans la vie active et faciliter ainsi un choix
conscient et responsable de ses activités futures ;
- répondre aux besoins du pays en cadres ayant un niveau élevé de
savoir-faire, d'expertise et de recherche scientifique et
technologique.
Article 12
Pour l'horizon 2008, la nation malienne se fixe les
objectifs spécifiques suivants :
- porter le taux brut de scolarisation, au niveau de l'enseignement
fondamental, à au moins 75 % dont 70 % pour les filles ;
- permettre à au moins 50% des jeunes déscolarisés et non
scolarisés, âgés de 9 à 15 ans, d'accéder à un apprentissage minimum
;
- porter le taux d'alphabétisation des adultes à au moins 50 % dont
40 % pour les femmes ;
- promouvoir un enseignement professionnel adapté aux besoins de
l'économie et porter le taux d'accès à au moins 56 %.
[...]